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Édition du mercredi 19 juin 2024
Climat

Nappes phréatiques : avant l'été, la situation est globalement « très satisfaisante »Â 

Si seulement 19 % des nappes phréatiques du pays sont encore à des niveaux inférieurs aux normales, le Bureau de recherches géologiques et minières juge toujours « préoccupante » la situation des Pyrénées-Orientales alors qu'une partie de la Haute-Corse est passée en alerte sécheresse. 

Par A.W.

Ce n’est plus une surprise. Après deux années particulièrement compliquées en termes de sécheresse, les pluies abondantes - qui frappent encore le pays – ont largement rempli les nappes phréatiques de métropole, celles-ci présentant, désormais, des niveaux « très satisfaisants »  à l’approche de l’été. 

Bien que cette situation favorable laisse « entrevoir une période estivale moins difficile que l’an dernier », le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) pointe encore, dans son dernier bilan hydrogéologique, quelques zones en situation délicate. Si ce n’est « préoccupante ».

70 % des nappes « au-dessus des normales » 

« Alors que la période de vidange semblait s’initier en avril, de nombreuses nappes ont bénéficié d’épisodes tardifs de recharge en mai », constate le BRGM qui explique que les fortes pluies de l’année ont permis « une recharge 2023-2024 très excédentaire ».
En mai, les pluies ont d’ailleurs encore continué d’alimenter de nombreuses nappes avec « des niveaux en hausse pour 38 % des points d’observation ».

Résultat, au 1er juin, l’état des nappes était « très satisfaisant »  sur une grande partie du territoire avec des niveaux généralement « au-dessus des normales mensuelles »  puisque « 19 % des points d’observation sont sous les normales mensuelles, 11 % sont comparables et 70 % sont au-dessus ». L’an passé à la même période, les deux tiers des nappes étaient sous les normales. 

À ce jour, ce sont ainsi 64 départements qui ont des niveaux moyens considérés comme au-dessus de la moyenne et sept en dessous (dont seulement deux ayant encore des niveaux « très bas » ), selon le site spécialisé info-sécheresse qui suit 420 nappes phréatiques en France. Rien d'étonnant finalement puisque le printemps a été « le plus pluvieux depuis 2008 », « avec une anomalie de + 45 % »  de précipitations (le mois de mai a été le plus pluvieux depuis 2013), selon Météo-France.

Comparé à l’an passé, à la même période, la différence est donc frappante. Alors que les niveaux de nappes de juin 2023 faisaient apparaître une carte de France majoritairement jaune, orangée et rouge – c’est-à-dire sous les normales – , la carte de 2024 est quasiment totalement composée de dégradés de bleu, signe de niveaux de nappes considérés comme hauts.

De nombreuses nappes présentent ainsi des situations « très favorables », avec des niveaux très haut. C’est le cas des « nappes réactives du socle du plateau du Limousin et de la Chataigneraie », celles situées dans « l’ouest du Massif central au Massif armoricain », des « nappes alluviales de la Garonne avale, de la Dordogne et de leurs principaux affluents »  ainsi que celles du « bassin de la Vilaine au bocage vendéen ».

Alerte sécheresse en Haute-Corse

Une poignée de nappes se retrouvent, à l’inverse, toujours dans des situations « peu favorables »  avec des niveaux « bas à très bas ». C’est le cas encore de « la nappe inertielle […] du Sundgau », en Alsace, et de « la nappe alluviale de l’Aude »  qui ont des niveaux bas.

Mais c’est bien dans le massif des Corbières (Aude et Pyrénées-Orientales) et la plaine du Roussillon (Pyrénées-Orientales) que la situation reste la plus « dégradée »  dans un contexte de déficit pluviométrique depuis deux ans. Leurs niveaux demeurent ainsi « très préoccupants », bien qu’en légère amélioration.

Dans les Pyrénées-Orientales, 22 des 26 stations d’observations témoignent de niveaux de nappes en-dessous de la moyenne (dont 13 « très bas » ), pour seulement deux stations relevant un niveau au-dessus de la moyenne, selon info-sécheresse

D’ailleurs, seules les nappes des Pyrénées-Orientales ainsi que celles de Corse conservent des niveaux plus bas qu’en mai 2023. S’agissant de la Corse, le niveau des nappes est « bas à très bas sur le Cap Corse et les plaines orientales ».

Conséquence, plus de la moitié des communes de Haute-Corse (137 sur 236 communes), dans le cap Corse et en plaine orientale, ont été placées en alerte sécheresse, il y a une dizaine de jours, avec des mesures de restriction de l'usage de l'eau. En cause un déficit de pluie « de l'ordre de 60 % de septembre 2023 à mai 2024 », selon la préfecture qui assurait qu'il s'agit de « valeurs record pour la plaine orientale et de valeurs inédites depuis 1989 dans le Cap Corse et la région bastiaise ».

Tensions locales et vigilance cet été

Pour cet été, si les prévisions saisonnières de Météo-France sur les mois de juin, juillet et août privilégient des températures plus élevées que la normale sur l’ensemble de la France métropolitaine, aucun scénario de pluie ne se dégage sur le reste du territoire. 

Reste que « la situation actuelle très favorable laisse présager des niveaux au-dessus des normales sur les prochaines semaines », prévoient les auteurs du bilan.

Dans ce contexte, le BRGM estime que les nappes très inertielles de la Beauce, du Sundgau, de la Bresse et de la Dombes devront « être à surveiller particulièrement », tandis que « des tensions locales »  pourraient apparaître sur « des secteurs affichant actuellement des niveaux moins favorables ou sur des secteurs fortement sollicités par des prélèvements » , tels que la « craie de Normandie au sud de la Seine » , le secteur dans « l’est des Pays de la Loire et du Centre-Val de Loire », ou encore le « nord de la Drôme ».

Il juge également nécessaire de « rester vigilant »  sur l’évolution des niveaux des nappes les plus réactives (socle du Massif Central et du Massif armoricain, calcaires karstiques de Provence, du Jura et du pourtour du Massif central).

Surtout, « certains secteurs devront être particulièrement surveillés, du fait de niveaux actuels ne permettant pas de garantir des niveaux satisfaisants durant l’été : Roussillon, Aude et partie nord et est de la Corse ».

Consulter le bilan mensuel du BRGM.

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